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EVENTS AND NEWS

December 4th 2014, from 17.00 to 19.00 - Conference
Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Le Šuka-saptatī et les Ṭūṭī-nāma - Le Karmaprakriti de Dilārām

 



Séminaire ‘Sociétés, politiques et cultures du monde iranien’ - UMR 7528 'Mondes iranien et indien'



Séance du 4 décembre 2014, 17h-19h 



Pegah Shahbaz, Sorbonne nouvelle - UMR Mondes iranien et indien, « Le Šuka-saptatī et les Ṭūṭī-nāma : la transmission d’un texte sanskrit dans la littérature persane »



Le Šuka-saptatī est un ouvrage narratif d’origine sanskrite, dont les nombreuses traductions et reproductions en persan attestent d’une grande popularité parmi les persanophones depuis des siècles, et ce jusqu’à nos jours. Au début du 14e siècle, ‘Imād Ibn Muḥammad Ṯaḡarī prépara la première traduction du Šuka-saptatī et la nomma Jawāhir al-asmār, suivi par Ẓīyā’ al-Dīn Naḫšabī, qui, en l’an 1330, acheva le travail de la recomposition du livre et la rédaction de son Ṭūṭī-nāma. Parmi d’autres versions du livre en persan, il faut aussi mentionner le Ṭūṭī-nāma de Muḥammad Qādirī, une version abrégée de l’œuvre de Naḫšabī daté du 17e siècle, et le récit populaire du Čhehel-ṭūṭī.

Les versions persanes du Šuka-saptatī projettent des différences significatives par rapport au texte d’origine sanskrite, surtout en ce qui concerne le contenu des contes, et même dans la composition des éléments narratifs. L’évolution des thèmes apparaît par l’insertion d’éléments culturels tirés du nouveau contexte récepteur musulman et soufi. Le rôle social des actants, homme ou femme, et leurs relations changent, et la perception de leurs actes comme l’adultère, la ruse et l’ironie, et celle des faits conflictuels comme la loi et le désir, se développent selon les normes socioculturelles des diverses époques. Par conséquent, les contes se transforment en miroir reflétant ces normes, parfois totalement indépendantes de leurs formes d’origine. Cette présentation se penchera sur la projection de ces développements thématiques dans les versions diverses des Ṭūṭī-Nāma.





Jean Arzoumanov, ENS, Paris, « Le Karmaprakriti de Dilārām, une traduction persane d’un traité jain sur la nature du karman »



En 1796, Dilārām, un brahmane de la région de Delhi, réalise à la demande du général Claude Martin, un riche colon français de Lucknow, une traduction en persan de la Karmaprakriti, un traité jain digambara sur la théorie du karman attribué à Nemicandra (11e siècle). Dilārām, d’obédience vishnouite et d’éducation sanskrite et indo-persane, choisit de traduire la version commentée par Hemarāj, un auteur digambara du 17e siècle de commentaires populaires en langue vernaculaire. C’est ensuite au prisme des enseignements de l’école philosophique du Vedānta dont il est lui-même adepte, que Dilārām entreprend d’expliquer en toute bonne volonté ce texte formidablement technique de la tradition jain, parfois au prix d’un éloignement important de la pensée originale du texte. Sa traduction en persan comprend de nombreux termes islamiques et surtout soufis par lesquels le traducteur s’efforce de rendre compréhensibles certaines notions philosophiques hindoues. Ce texte est un témoignage direct du processus de réception, d’interprétation et de traduction d’une œuvre hétérodoxe chez un brahmane persianisé. Pour Dilārām, ces trois religions que sont jainisme, hindouisme et islam sont abordées de manière continue et son discours fait fi de leurs frontières réciproques. Le caractère inhabituel de ce texte est renforcé par son contexte de production car c’est la commande de matériaux originaux sur les religions indiennes par un orientaliste qui a rendu possible la création d’un texte transreligieux.   



Organisateurs: Matteo De Chiara (INaLCO), Denis Hermann (CNRS), Fabrizio Speziale (Sorbonne Nouvelle – CNRS), Julien Thorez (CNRS).


Location and info

Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, centre Censier, 13 rue de Santeuil, salle 410, 75005, Paris.